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10.000 km à vélo à travers les Andes
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15 avril 2008

Germinal ou la cité d'argent

Mais pourquoi donc Potosi, grande ville de 120 000 habitants, se trouve-t-elle dans les hauteurs et le froid de l'altiplano bolivien à plus de 4 000 m d'altitude - ce qui en fait la ville de cette importance la plus haute du monde ? Tout simplement grâce aux riches minerais du Cerro Rico (la montagne riche) qui la surplombe.

Les mines de Potosi furent découvertes au 16ème siècle et firent de cette ville la plus grande d'Amérique du Sud, bien plus grande que Paris et Londres à cette époque avec ses 200 000 habitants. Le Cerro Rico fut ainsi la plus importante source de richesse de l'empire espagnol pendant plusieurs siècles. On estime notamment que plus de 16 000 tonnes d'argent pur furent expédiees vers l'Espagne entre 1500 et 1660. Une légende dit qu'avec tout l'argent extrait, un pont d'argent aurait pu être construit entre Potosi et l'Europe... au prix de 8 millions de morts.

A la fin du XXème siècle, la plupart des mines nationalisées sont fermées. Pour éviter le chomage, certaines d'entres elles ouvrent sous la forme de coopératives : Chaque mineur travaille pour son propre compte ou par petit groupe. Chacun pour soi... Ainsi l'exploitation de la mine à Potosi est complétement desorganisée. Aucun investissement n'est mis en oeuvre pour améliorer la rentabilité ou les conditions de travail qui restent identiques aux siècles derniers. De même, l'espérance de vie d'un mineur n'a pas changé : 45 ans. Certains évoquent même le travail des enfants dans les mines...

En bons touristes que nous sommes, nous profitons donc de notre halte à Potosi pour visiter les mines et voir les conditions de travail des mineurs. Nous ne serons pas décus...

Pour descendre dans les galeries, nous nous équipons de pantalons, vestes, bottes, casques et lampions ainsi que d'un foulard pour nous protéger des gazs toxiques et de la poussière de silice. Bien mieux équipés que les mineurs eux-mêmes qui y passent pourtant plus de 8 heures par jour...

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Sur le chemin, nous faisons une halte aux marchés des mineurs. Il est de coutume que les touristes visitant cette mine encore en activité, offrent en cadeaux aux mineurs rencontrés feuilles de coca, alcool presque pur (96 degrés), rafraichissements, cigarettes... et même de la dynamite, mèches et détonateurs en vente libre dans les commerces de la ville.

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La visite commence...L'entrée de la mine se fait à 4 200 m... Au passage, une belle vue sur Potosi et sur le Cerro Rico.

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Nous parcourons des galeries noires, étroites et boueuses qui ne permettent pas de se tenir debout - et nous cognons la tête à plusieurs reprises. Lors des passages des wagons remplis de minerais et poussés à la force des bras par des adolescents, nous nous plaquons contre les parois. Plus nous descendons dans les labyrinthes de la mine, plus il fait chaud (plus de 30 degrés). L'air se raréfie. Les foulards ne sont pas suffisants pour nous éviter de respirer la poussière et les gaz toxiques. A certains endroits, la progression s'effectue a 4 pattes en se laissant glisser ou en descendant par des échelles en bois mal ajustées. La mine est un véritable gruyère et à plusieurs reprises, nous nous retrouvons nez a nez avec des trous béants de plus de 15 mètres.

Un peu plus loin, notre guide engage une discussion avec un des mineurs. Abruti par son labeur et ses joues remplies de feuilles de coca - ce qui lui evite de faire la moindre pause dejeuner et anesthesie les douleurs provoquees par la tache - nous avons du mal à discerner les quelques mots échangés. Il ne cesse d'extraire les minerais pendant la discussion. Chaque minute compte pour effectuer le quota de kg de minerais par journée et sortir au plus tôt de cet enfer. Plus loin encore, nous arrivons à l'endroit de déchargement des wagonnets. Les sacs de cuirs sont remplis à la pelle puis remontés à la surface.

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Nous découvrons par ailleurs les croyances des mineurs, dont la cosmogonie s'est maintenue au côté de la religion chrétienne. Le mineur nous faisant la visite nous indique que les hommes, une fois dans la mine, ne croient plus qu'en un dieu : Tio Supay, protecteur de la mine. Nous en croisons plusieurs représentations lors de la visite ; il s'agit d'une poupée qui ressemble à un diablotin à cornes. Dans les entrailles de la terre, les mineurs se sentent plus proches du diable que de Dieu, nous dit le guide.

A chaque entrée et sortie du Cerro Rico, les mineurs lui rendent hommage en déposant cigarettes, alcool et feuilles de coca. 

El_Tio

Nous sommes restés environ 2h dans ces galeries sombres et profondes. En remontant à la surface, c'est le soulagement : nous retrouvons la lumière, une température agréable et surtout l'oxgène. Poussiéreux, la gorge irritée, nous sommes choqués et exténués par cette visite. Le retour dans la ville avec sa belle architecture coloniale et ses facades aux multiples couleurs tente de nous faire oublier cette expérience éprouvante mais il nous faudra plusieurs heures pour nous remettre physiquement...Cette expérience, les conditions de travail et l'exploitation de cette mine par les Européens à l'époque nous laissent encore pensifs... 

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En lien, voici un article très interessant sur les mines de Potosi (histoire, fonctionnement et actualités) paru dans le Figaro en octobre 2007 que nous vous invitons à lire:

http://www.lefigaro.fr/temp/2007/03/02/04012-20070302ARTFIG90049-en_bolivie_l_appetit_de_la_chine_a_reveille_les_mines_de_potosi.php

Et pour un apercu des conditions de travail de ces mineurs, voici une video retracant une visite dans les mines de Potosi comme nous l'avons vécue :

http://www.dailymotion.com/relevance/search/mines%2Bde%2Bpotosi/video/x4pd9k_mines-de-potosiboliviebolivia-potos_travel

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Commentaires
Z
vous avez fabriqué votre propre bâton de dynamite ?! enfin faut pas écrire ça sinon je vais me coltiner Jack Bauer pendant 24 heures<br /> <br /> kiss
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